Notre ami Francis Wolff, philosophe, auteur de « Philosophie de la Corrida » et de « 50 raisons de dĂ©fendre la corrida » est aussi lâauteur de « Pourquoi la musique » aux Ă©ditions Fayard  un livre remarquable, prĂ©sentĂ© ainsi par son auteur : « Lorsque jâĂ©tais enfant, jâapprenais la « thĂ©orie musicale » dans de petits manuels (je ne sais pas sâils existent encore) partagĂ©s en deux : le livret vert des questions et celui rouge des rĂ©ponses. La premiĂšre leçon de la premiĂšre annĂ©e Ă©tait la suivante : « Quâest-ce que la musique ? » ; et sur le livret rouge, il Ă©tait Ă©crit : « La musique est lâart des sons ». Quel ne fut pas mon Ă©blouissement, Ă lâĂąge de huit ans, en dĂ©couvrant cette dĂ©finition ». Ainsi Ă lâaficionado que nous aimons comme un frĂšre, sâunit un mĂ©lomane que nous admirons pour sa culture et sa sensibilitĂ©.
Francis Wolff fut ainsi amenĂ© Ă Ă©crire le texte de prĂ©sentation de Carmen , le cĂ©lĂšbre opĂ©ra de Bizet prĂ©sentĂ© Ă lâOpĂ©ra Bastille – du 11 avril au 23 mai 2019. Un opĂ©ra que Nietzche lui-mĂȘme loua pour son cĂŽtĂ© solaire dont un des hĂ©ros, Escamillo, est un « toreador » et qui a pour dĂ©cor « le cirque plein ce jour de fĂȘte » .
Chef d’oeuvre musical qui a connu une grande popularitĂ© il nous touche directement, car en rĂ©alitĂ© c’est une sorte d’hommage Ă la culture mĂ©diterranĂ©enne et Ă ses valeurs. « Car c’est la fĂȘte du courage! C’est la fĂȘte des gens de cĆur! « comme le chante Escamillo lors de son cĂ©lĂšbre brindis .
A réécouter, puisque nous en avons le temps. On ne s’en lasse pas…
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Mais laissons la parole à Francis Wolff dans un extrait de son texte de présentation, magnifique et peu connu des aficionados :
« CE
NâEST PAS UNE HISTOIRE DâAMOUR. Câest une histoire de dĂ©sir et de passions. De
rapports de force. Il y est question de domination et de soumission, de
violence du désir et de faiblesse de la volonté, de liberté et
dâasservissement. La libertĂ© ou la mort, chante Carmen depuis la Habanera
jusquâau finale qui la rĂ©sume tout entiĂšre. « Frappe-moi donc⊠ou laisse â moi passer ! ». Don JosĂ©, symĂ©triquement,
câest la servitude de la passion. Ses derniers mots (qui sont aussi ceux de
lâopĂ©ra) le rĂ©sument lui aussi : « Vous pouvez mâarrĂȘter⊠câest moi qui lâai
tuée. à ma Carmen, ma Carmen adorée ». Quels sentiments pourrait-il y avoir
entre ces deux-lĂ ? Il nây a pas, dans Carmen, un seul « beau duo » de sourires
ou de larmes â pas une vraie scĂšne dâamour (« je tâaime, tu mâaimes, nous nous
aimons », etc.) avec étreintes, fusion des corps et des ùmes, engagements pour
toujours, etc. Personne jamais ne dit « nous » ! Pas de « nous », trop de
passions. Il est toujours question dâamour mais il ne se rĂ©alise jamais ; on en
parle tout le temps mais rarement au prĂ©sent : « tu mâaimeras », « jâaimais
jadis », « je pourrais bien aimer », « je lâaimerai », « si tu mâaimais », « si
je mâavisais de tâaimer », etc. De la sĂ©duction, de la provocation, de la
jalousie, des luttes de reconnaissance, oui ; de la frustration, de
lâobsession, de la possession, oui. Des amours, peut-ĂȘtre. Lâamour, jamais.
(âŠ) Pas dâautre morale que la libertĂ©. Pas de sentiments mais des liaisons dangereuses. LâopĂ©ra Carmen est Ă lâimage contradictoire de son hĂ©roĂŻne. OpĂ©ra-comique Ă la française et tragĂ©die grecque. Pas de duos, mais des duels. Manzanille, sĂ©guedille, issue fatale. Pas dâamour mais des rapports de force : Carmen est une corrida. »
Cité in « Francis Wolff, moments de vérité » par Pierre Vidal éditions Gascogne.
Merci de continuer à nous envoyer vos idées, vos texte préférés en lien avec la corrida : pierrevidal.ratabou@orange.fr